Opinion: laisser un Conseil supérieur déterminer le salaire et le statut des politiques
Le ministre Gatz demande qu'un organe distinct soit chargé de déterminer les salaires, les indemnités et le statut des hommes et des femmes politiques.

L'establishment politique de notre pays et d'ailleurs traverse à nouveau une période de turbulences. Hier, Het Laatste Nieuws rapportait, sur la base d'un sondage réalisé par le journal, VTM Nieuws, RTL et Le Soir, que sept Belges sur dix éprouvent un sentiment négatif lorsqu'ils pensent à la politique : dégoût, méfiance et peur. La démocratie est mise à l'épreuve et se met parfois inutilement à l'épreuve : l'un des principaux points névralgiques dans la relation entre les politiques et les citoyens est certainement la rémunération des hommes et des femmes politiques. Deux éléments sont en jeu ici.
Premièrement, pourquoi les élus, et en particulier les députés et les ministres, sont-ils bien rémunérés ? La raison principale est qu'ils doivent pouvoir réaliser leur travail en toute indépendance et ne pas dépendre de personnes qui pourraient les influencer dans leur décision politique par le biais d'une enveloppe sous la table. À l'inverse, la règle qui consiste à rémunérer décemment les politiques est également née de la volonté absolue d'éviter que seules les personnes disposant de beaucoup d'argent puissent faire de la politique. Tout le monde peut être candidat aux élections, tout le monde peut être élu. Je pense que malgré les turbulences que nous traversons actuellement, de nombreux citoyens trouvent encore ces arguments valables.
Mais il y a un deuxième obstacle qui remet sérieusement en cause ce qui précède c'est que les politiques représentent la seule catégorie professionnelle (c'est une vocation, certes, mais également une profession, un métier) à fixer eux-mêmes leurs salaires, ce qui est de plus en plus difficile à expliquer. Jeune député bruxellois, au milieu des années 90, j'ai proposé de créer un organe distinct qui déterminerait les salaires, les indemnités et le statut des politiques. Je réitère mes propos aujourd'hui. Selon moi, le mieux serait un Conseil supérieur, composé de dix personnes par exemple : deux magistrats, deux universitaires, deux représentants du secteur non marchand, deux chefs d'entreprise et deux citoyens élus (parité hommes-femmes, parité néerlandophones et francophones). Ces personnes seraient nommées par le parlement fédéral et leurs décisions s'appliqueraient à tous les parlements et gouvernements du pays. Le Premier ministre Alexander De Croo a également fait remarquer dans Het Nieuwsblad la semaine dernière qu'il serait préférable qu'un comité distinct se prononce sur les rémunérations et les pensions des politiques.
Je suis convaincu que, dans la transparence, la Conseil supérieur sera en mesure et désireuse d'établir une rémunération appropriée pour les fonctions politiques. Dans ce cas, aucun homme ou femme politique de ce pays ne sera en mesure de déterminer son propre salaire.
Notre démocratie n’en sortira que plus forte.
Eva Vanhengel