Le budget relève de la responsabilité collective de tous les ministres d'un gouvernement
La dégradation de la note du budget par Standard & Poor's ne représente pas une bonne nouvelle pour la Région de Bruxelles-Capitale. Après une législature difficile, marquée par d'importants investissements stratégiques supplémentaires dans la mobilité et par des dépenses nécessaires pour rendre les crises du covid et de l'énergie soutenables pour les citoyens, les entreprises et les associations, les défis restent très importants.
Le rating financier de la région capitale passe de bon à moyen, tout en conservant un risque faible, à l'instar du Japon en tant que pays, la ville de Marseille ou la société de transport public de Londres.
Malgré la dégradation de la note, on observe parallèlement une nette amélioration de la trajectoire pluriannuelle, dans la mesure où le budget 2024 est davantage conforme à celui de 2019 après les années de crise de 2020-2023, grâce à l'imposition d'un plafond d'endettement et à des économies permettant de réduire le déficit.
Mais cela s'est avéré insuffisant pour Standard & Poor's. Il est à espérer que la gravité de la situation interpelle désormais l'ensemble du gouvernement bruxellois.
"À court terme, les conséquences de cette dégradation de la note sont limitées", a déclaré le ministre bruxellois des finances et du budget, Sven Gatz. "Nous avons presque entièrement conclu nos emprunts à des conditions encore avantageuses au cours des premiers mois de l'année en cours et nous avons également réparti nos risques avec deux emprunts importants auprès de la Banque européenne d'investissement."
Cependant, à moyen terme, la tâche devient ardue : des économies supplémentaires seront nécessaires, les investissements stratégiques devront être résorbés à un rythme accéléré et de nouvelles recettes avec le projet durable de redevance kilométrique intelligente Smartmove s'imposent, comme le souligne également Standard & Poor's.
"Le prochain gouvernement pourra établir une nouvelle trajectoire budgétaire, mais chacun devra prendre ses responsabilités ", ajoute le ministre Gatz. "Il est dans l'intérêt de la Région de Bruxelles-Capitale que tous les ministres actuels et futurs en prennent conscience, et pas uniquement le ministre du budget."
Par ailleurs, le sous-financement chronique de Bruxelles devra également être remis à l'agenda politique, comme l'a récemment rappelé l'OCDE et comme l'a également souligné Standard & Poor's.
Amil Djellal
Peter Dejaegher