L’avenir de Bruxelles est multilingue : Oui, ja, yes

Dans la revue française "Les Cahiers de Psychologie Politique", l'historien et politologue Jean-Paul Nassaux écrit que la langue française est actuellement menacée à plusieurs niveaux. L'anglais, en revanche, a pris une place hyperdominante dans le monde, dires de Nassaux publiés dans Bruzz. Nassaux ajoute que le français perd à Bruxelles de son importance.

Le politique et historien écrit que depuis 2000, un mouvement bruxellois émerge et met l'accent sur le multilinguisme plutôt que sur le bilinguisme. Selon lui, c'est une façon de "minimiser le caractère francophone de Bruxelles". Il en voit la cause dans le fait que la Flandre n'a jamais accepté que le français soit plus dominant à Bruxelles que le néerlandais. Puisque les Flamands ne peuvent pas flamandiser Bruxelles, ils tentent alors de l'angliciser, écrit-il, car "ils y voient un moyen de se libérer d'une relation linguistique dans laquelle le néerlandais occupe une position faible par rapport au français."

En tant que ministre bruxellois, je suis le premier dans l'histoire à être en charge de la promotion du multilinguisme. Je me dois donc de répondre à l'analyse de Jean-Paul Nassaux. Il est en effet vrai que certaines personnes en Flandre supportent mal le fait que le français soit plus dominant que le néerlandais à Bruxelles. Bien que la majorité des Bruxellois aient parlé une sorte de néerlandais avant la lettre il y a plusieurs siècles, la langue de communication de la noblesse et des classes dirigeantes a toujours été le français. ​

À l'origine, cela faisait de la Belgique un pays francophone. Il a fallu des décennies de luttes linguistiques au siècle dernier pour que le néerlandais, langue majoritaire dans le pays, soit reconnu comme une langue à part entière. Bruxelles est alors devenue officiellement une ville bilingue. Mais il y a encore du ressentiment dans les milieux flamands que ce bilinguisme ne soit pas gardé partout.

Entre-temps, après deux décennies ont passées et nous sommes aujourd'hui au 21ème siècle. Le monde et Bruxelles, aujourd'hui une région de 19 communes de la taille d'une ville en soi, ont connu d'énormes changements démographiques et politiques. Une révolution démographique a eu lieu dans la Région de Bruxelles-Capitale : aujourd'hui, plus de cent langues différentes sont parlées à Bruxelles, par des Bruxellois de plus de cent quatre-vingts nationalités différentes. Après Dubaï, Bruxelles est aujourd'hui la ville la plus cosmopolite du monde. Par ailleurs, le Baromètre linguistique, un outil de recherche sur la connaissance et la perception des langues au fil des ans, montre que de plus en plus de Bruxellois se considèrent comme multilingues. Le nombre de personnes multilingues à Bruxelles est passé de 24% en 2001 à 37% en 2018 et continue sans aucun doute à augmenter.

Alors bien sûr, à Bruxelles, l'anglais a également gagné de l’importance. En effet, Bruxelles est devenue la capitale de l'Europe, accueille l'OTAN et est devenue, avec Washington, la première ville diplomatique du monde. Pourtant, le français ne perd pas de son importance à Bruxelles. Au contraire, elle reste dominante en tant que langue administrative et, grâce au grand rayonnement international de Bruxelles, le français en récolte les fruits dans cette ville multilingue.

En tant que ministre bruxellois du rôle linguistique néerlandophone, je suis également responsable de l'enseignement néerlandophone en région bruxelloise. La demande de places dans les écoles néerlandophones est supérieure à l'offre. Il y a une raison à cela : non seulement nous investissons au maximum depuis des années dans des bâtiments scolaires modernes et contemporains, mais nous accordons également une grande importance au multilinguisme dans notre enseignement. ​

Nous nous concentrons sur le néerlandais, bien sûr, mais également sur le français et l'anglais, et nous essayons également tant que faire se peut d'impliquer les langues familiales des élèves dans nos écoles très diverses. Après tout, l'acquisition d'une langue est organique. Une langue existe ou se développe lorsque les gens pensent qu'elle est utile.


Le français ne perd vraiment pas de son importance à Bruxelles. Il est complété par un multilinguisme complexe dans lequel l'anglais est également plus important. Le français n'est donc pas menacé à Bruxelles par l'anglais ou par les néerlandophones parlant anglais. Au contraire, Bruxelles reste un fleuron et une scène de la francophonie. Chaque langue à Bruxelles a le droit d'exister, mais les multilingues représentent l'avenir. Car "L'avenir sera multilingue", comme le dit le titre de mon livre publié en 2022. Il est également disponible en français et en anglais.

Amil Djellal

Porte-parole adjoint FR, Cabinet du ministre Sven Gatz

Eva Vanhengel

Woordvoerder / porte-parole, Kabinet van Minister Sven Gatz

 

À propos de Sven Gatz

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